Après plusieurs années d’une pratique académique de l’art, à travers le modelage, le dessin ou la peinture, Didier Mori entreprend des recherches sur des matériaux éco-détournés ou bio-sourcés tels que du papier journal, de la terre de ruisseaux mélangée à de la chaux, du sable, de la paille ou du carton.

Dans un monde enseveli sous les déchets, où l’on voit naître des îles de plastique au milieu des océans, Didier Mori, cherche une manière de recycler qui, pour une fois, ne serait pas uniquement fonctionnelle, mais laisserait place à l’inutile, à la poésie et à l’imaginaire. Il propose un chemin pour donner vie aux objets qui encombrent notre quotidien et promis à la déchetterie tout en découvrant des possibilités d’expressions nouvelles et surprenantes. S’en dégage au final l’impression de donner un souffle de vie à des matériaux inertes, peu valorisés, en surplus dans notre quotidien. Des objets communs et utilitaires prennent leur autonomie entre ses mains en dégageant davantage que le service invisible auquel ils étaient promis.

Didier Mori amorce en parallèle des tests de patine au marc de café ou au thé, la réalisation de bas reliefs abstraits en terre crue séchée (technique du pisé dans l’habitat traditionnel), qui traduisent un esprit de recherche permanent. La production prend différentes formes mais elle reste centrée autour de l’idée commune du réemploi et du recyclage.

Si ces changements de matériaux constituent un tournant dans sa pratique de l’art, il n’abandonne pas les fondements acquis par sa formation artistique plus académique. Il est attentif aux proportions et aux équilibres, à l’observation et à la justesse de l’anatomie humaine, à la position des corps qu’il met en scène et dont il pousse parfois la déformation jusqu’à une semi abstraction à travers laquelle on reconnaît des formes de corps humain sans pour autant comprendre leur organisation ou leur fonctionnement.